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Dominique Delpoux, la singularité des gens ordinaires

Interview

Dominique Delpoux et son fils Clément - ©Dominique Delpoux ©Dominique Delpoux

Comment qualifier Dominique Delpoux ? Est-il photographe portraitiste ? Documentariste ? Sociologue ? Ou simplement un observateur curieux de la nature humaine ? Sûrement tout cela à la fois.

En tout cas, Dominique aime « les gens ». Dans une recherche permanente d’identité, de représentation sociale, il met en avant des femmes et des hommes ordinaires. Ouvriers, agriculteurs, bergers, artisans, maires, cuisiniers, hommes d’église, chasseurs… Des franges de la population souvent oubliés, car bien-sûr, un boucher est beaucoup moins glamour qu’un joli mannequin. Mais beaucoup moins lisse aussi et cela interpelle.
Ces gens, ils pourraient être vous… ou moi.

Ce désir de proximité, d’échange, cette envie de raconter une histoire transpire de chaque portrait de Dominique Delpoux qui nous emmène avec émotion dans le quotidien ordinaire de personnalités singulières, par un regard juste, porté sur l’humain contemporain.



Dominique, comment es-tu venu à la photo ?
J’ai commencé la photographie il y a 30 ans environ, en amateur. Je travaillais dans une coopérative agricole et faisais de la photo pour mon plaisir.
Licencié pour des raisons économiques, j’ai décidé en reconversion, de passer un diplôme de photographe en deux ans (équivalent BTS).
J’ai alors entamé un travail d’école sur les mineurs de Carmaux, présenté pour le Prix Kodak de la critique photographique en 1994, que j’ai remporté.
Cette série a ensuite été exposé à Arles (où j’ai également été lauréat du Panorama européen de la jeune photographie professionnelle) et a tourné dans plusieurs lieux d’exposition durant 2 ans, notamment au Château d’eau à Toulouse.

Comment travailles-tu ?
Mon travail se divise en plusieurs parties. D’un côté des travaux personnels de recherche et d’expérimentation. Ce sont toutes mes séries de portraits.
Parallèlement à cela, je suis représenté par l’agence Vu et réalise des reportages en commande pour la presse, les institutions ou à mon initiative.
Egalement, je réponds régulièrement à des demandes communication ou corporate, comme pour la campagne de prévention des Fêtes de Bayonne par exemple.Enfin, j’interviens en centre de formation ou en workshop sur les festivals.

J’articule ces différentes parties en symbiose, elles se répondent. Les commandes me donnent les moyens financiers de poursuivre mon travail personnel, les formations de réfléchir différemment pour transmettre, en m’incitant à me poser ou me reposer certaines questions.
Tout cela me donne de l’air. Pour moi, c’est important de travailler tout le temps, d’ouvrir le champ des possibles. J’essaie de toujours faire mon travail au mieux et j’y prends beaucoup de plaisir. J’aime mon travail de commande. Je suis payé pour réaliser un cliché et le déroulé est assez simple en fait. C’est beaucoup plus stressant de travailler sur une série personnelle. Il y a un véritable enjeu derrière, beaucoup d’investissement et d’émotions.

Pourquoi t’être focalisé sur le portrait ?
J’ai commencé la photographie il y a 30 ans environ, en amateur.
Parce que j’aime les gens. Je ne suis pas un contemplatif. Un paysage même très beau me semble trop simple. Ce décor ne m’intéresse que s’il porte la trace de l’Homme. D’ailleurs, dans mes commandes de reportages, si je le traite différemment de mes séries personnelles, je vais toujours aller chercher l’Homme dans le sujet ou le lieu.

Au départ je m’étais dirigé vers une photographie de rue. Toutes les personnes à qui je montrais mes clichés me disaient « Ça fait penser à William Klein ». D’une part, je ne voulais pas faire des photos « à la manière de », ensuite, je me suis rendu compte que la photographie grand angle ne me donnait aucune proximité avec les gens, j’étais simplement à côté d’eux. Plutôt que de photographier des personnes, j’ai décidé de photographier LA personne et suis passé au moyen format. Je suis arrivé à quelque chose de plus essentiel pour moi, basé sur l’échange, le dialogue et le partage.

Comment choisis-tu tes sujets ?
J’essaie de traiter des questions de la représentation sociale et de la notion d’identité.
A quoi s’identifie t’on ? Quelles sont les similitudes ou les oppositions entre les personnes et les situations ? C’est pour cette raison que j’ai réalisé plusieurs séries en dyptiques, ce format permet de confronter des points de vue divergents dans une même image, saisir deux facettes d’un même individu.
Je vais aussi sur des séries un peu différentes comme les zadistes de Sivens ou les chasseurs, qui amènent d’autres questionnements en rassemblant plusieurs individus dans une même situation, au lieu de voir la même personne dans deux contextes distincts.
Ce sont des images à visionner horizontalement, les unes à la suite des autres, un peu comme ma toute première série sur les mineurs. Cela leur donne une certaine transversalité.

Quels-sont tes actualités du moment ?
J’ai commencé il y a quelques mois une série sur les personnes ayant des animaux domestiques singuliers (sanglier, renard, serpent, panthère…).
Les animaux de compagnie « traditionnels », chiens, chats, chevaux… sont totalement domestiqués par l’Homme et ne peuvent d’ailleurs quasiment pas vivre sans eux, ils ont perdu leur nature originelle. Il n’y a donc plus à les apprivoiser. Ce qui m’intéresse ici c’est de questionner le rapport Homme/animal, ce désir parfois inconscient de dominer, ce besoin de victoire de l’Homme sur la nature sauvage.

Et juste avant cela, toujours dans le thème de cette relation Homme/animal, j’avais réalisé la série « Chasseurs, piégeurs et louvetiers ». Je ne suis ni pour, ni contre la chasse, je trouvais simplement intéressant de me confronter à une scène de genre : le portrait de chasse. Et si l’on veut aller un peu plus loin dans l’humour ou l’ironie, on peut également faire le parallèle avec l’essence même de la photographie qui est d’immortaliser un instant mort !

Jusqu’au 4 juin, je participe également à Usimages, biennale de la photographie industrielle, organisée par l’agglomération Creil Sud Oise. J’y exposerai ma série sur les ouvriers de la Cofra. Une douzaine d’expositions en plein air seront à découvrir dans différentes villes de l’agglomération, avec des parcours en bus. Plus d’infos sur le site de l’agglo creilloise.

Depuis combien de temps travailles-tu avec Picto Toulouse ? Que t’apporte cette collaboration ?
On se connaît depuis 6/7 ans. C’est un de mes prestataires sur une expo qui a souhaité faire tirer mes clichés chez Picto Toulouse, je n’y voyais aucun inconvénient. De mon côté, je travaillais avec un concurrent pour mes travaux personnels et m’en contentais jusque-là. J’ai toute de suite vu la différence !
La compréhension avec Patrick Barbeau a été immédiate, avec des tirages de très grande qualité. J’ai apprécié le fait qu’il peaufine les détails jusqu’à ce que je sois entièrement satisfait. Depuis, je ne travaille plus qu’avec Picto. Et Patrick et moi avons une véritable relation humaine, devenue aujourd’hui plus amicale que cordiale !

Merci Dominique pour ta simplicité et ton humanité, et à bientôt pour de nouvelles rencontres en portrait !
Retrouvez quelques photos de Dominique ci-dessous et plus sur son site : http://dominiquedelpoux.fr
Ou sur sa page facebook.