Vous ne connaissez peut-être pas son nom, mais fidèles lecteurs que vous êtes, vous avez déjà eu un aperçu de son travail : Stéphane réalise les portraits de la rubrique « Compétences » de cette newsletter ! Passionné depuis son plus jeune âge de photographie et d’informatique, Stéphane Giner peut dire merci à Steven Sasson d’avoir inventé le numérique (pour Kodak en 1975, ndrl) ! Photographe, graphiste, webdesigner… Stéphane est un touche à tout, mais maîtriser la technique ne suffit pas. Etre un bon photographe nécessite une bonne dose de talent, beaucoup de travail et un peu de chance aussi…
Stéphane, comment t’es venue l’envie d’être photographe ? Il y a eu 2 personnes très importantes pour mon avenir professionnel : mon père, informaticien, m’a mis un ordinateur entre les mains alors que je savais à peine écrire ! C’était un ZX81, un des premier PC conçu. Il m’a appris la programmation et donné l’envie de créer des choses avec un ordinateur. Ensuite, le second mari de ma mère. Un photographe passionné qui m’a donné la culture de l’image et l’envie de capturer le monde. En âge de travailler, j’ai naturellement cherché à allier ma passion pour l’image et la photo, aux possibilités de création qu’offrait l’outil informatique.
Comment as-tu démarré ? J’ai fait une école de photographie en alternance au studio de mon beau-père et dès l’obtention de mon diplôme, j’ai monté ma petite entreprise de retouche photo. C’était quelque chose de très novateur pour l‘époque et j’étais certainement un peu en avance sur mon temps car en 92, la photographie numérique n’en était qu’à ses balbutiements. La plupart de mes contrats portaient plus sur le scan de négatifs et la retouche de vieilles photos de famille… Pour me diversifier, j’ai donc commencé à faire de la création graphique, par relations. Mes amis me demandaient de réaliser les flyers de leurs soirées, le commerçant du coin avait besoin d’un logo… Je scannais mes matières et travaillais à partir de mes propres photos, ça a duré un peu plus de 5 ans. Puis j’ai eu envie de changer d’air. La Bretagne m’attirait pour ses beaux paysages et la sympathie de ses habitants, je suis donc parti à l’aventure ! J’ai rapidement été embauché par une imprimerie de Dinan qui souhaitait intégrer un studio graphique et me suis remis un peu plus à la photo. Je bossais pour un journal gratuit de Saint-Malo pour qui je réalisais des portraits et reportages. Mais bon, je suis du sud, la pluie ça va un moment ! Je suis donc retourné à Toulouse au bout de 2 ans, où j’ai été embauché comme DA web par une start up. Le job était bien payé mais je tournais en rond. A l’époque, on était pas mal contraints par la technique et dans ce milieu, les clients sont souvent frileux dès qu’il s’agit d’être un peu créatif… Je suis donc parti rapidement pour rejoindre l’équipe d’un ami, fondateur de la marque BullRott. Ça commençait à marcher pour eux et ils cherchaient quelqu’un pour gérer leurs prises de vues packshot, la pub et le graphisme de l’entreprise. J’ai redécouvert le plaisir de travailler en studio. Ça m’a permis de tester plein de choses, d’améliorer ma technique. Au bout de quelques années, les associés ont décidé de vendre leur licence et se séparer. Je me suis donc retrouvé au chômage.
Et donc, tu as remonté une entreprise ? Et oui, je dois avoir la fibre entrepreneuriale ! En fait, j’avais très envie de démarrer un nouveau projet, mais quoi ? J’étais toujours tiraillé entre photo et informatique… J’ai donc décidé d’attendre un peu. J’avais du temps libre et des indemnités de licenciement, je me suis donc remis à fond dans la photo pour mon seul plaisir. J’ai acheté du bon matériel et me suis mis à shooter tout ce qui m’inspirait, ensuite je postais les clichés sur flickr. Plusieurs entreprises ont vu mon travail et m’ont fait des demandes, j’ai donc fini par me remettre à mon compte. Et voilà. Ça fait plus de 8 ans !
Où en es-tu aujourd’hui ? Je viens de créer un nouveau studio (le Studio O.H. au 130 avenue des Etats-Unis), en binôme avec Pierre Beteille qui est à la fois graphiste et photographe.
Nous ne sommes pas associés, mais collaborateurs. L’idée est d’échanger, de mettre nos compétences en commun. Nous avons complètement réaménagé ce lieu de 75m2 pour travailler sur des projets studio. On souhaite surtout développer notre activité et s’ouvrir à une nouvelle catégorie de clients.
As-tu des projets perso ? Pleins ! Quand on travaille beaucoup, on manque de temps pour se consacrer à la création personnelle. C’est vraiment dommage car c’est elle qui nourrit la passion pour son métier, l’imaginaire et du coup la création professionnelle ! Et n’oublions pas que c’est grâce à mon travail personnel que je suis devenu photographe pro. J’ai de nombreux projets en ce moment et suis très motivé par ce nouveau studio, j’ai envie qu’il devienne un espace de création à part entière.
Pour toi Picto Toulouse est à la fois un client et un partenaire puisque tu fais tes tirages chez eux, peux-tu m’en dire un peu plus sur cette collaboration ?
Effectivement, je connais l’équipe Picto depuis pas mal d’années, j’y faisais déjà développer mes pellicules ! J’ai réalisé avec eux la plupart de mes tirages d’expo, je leur confie mes tirages photo de commande et nous collaborons aussi sur le festival MAP depuis 3 ans.
J’aime le fait de pouvoir travailler ensemble jusqu’à obtenir la meilleure chromie, le meilleur contraste, ils sont vraiment à l’écoute et font un travail de qualité. Le couple photographe/tireur existe encore, même depuis le passage au tout numérique !
J’ai aussi beaucoup apprécié le fait qu’ils me confient les portraits de la rubrique « Compétences » de la newsletter et la carte de vœux 2015. Ils ont confiance en moi et en moi en leur travail. C’est une relation de confiance réciproque en fait !
En savoir plus sur Stéphane Giner : stephaneginer.com
En savoir plus sur le Studio O.H. : studio-oh.fr
Anthony-Noel Kelly utilise différentes techniques pour explorer un terrain vaste comme l’univers : la nature. Humaine, animale, végétale, minérale, il interroge les cycles de la vie, de la naissance à la mort et oppose la forme brute, à l’idéal de beauté que le monde impose.
Héraclite nous disait que « Rien n’est permanent, sauf le changement ».
Kelly décompose, nous montre des angles différents de cette nature en perpétuelle mutation. Par la peinture, la sculpture et la photographie, il questionne le besoin de contrôle de l’humain sur une nature pourtant bien plus forte que lui, et le met face à la réalité de son impuissance à maîtriser le temps qui passe, lui rappelant un peu plus chaque jour sa nature profonde : vivante et mortelle.
Cette interview restera gravée dans ma mémoire comme un moment hors du temps. Jorge et moi sommes arrivés étourdis par le magnifique paysage et l’impression de plénitude qui se dégage de la bastide perchée sur les collines au dessus de Beaumont-de-Lomagne dans le Tarn et Garonne. Entrer dans l’univers de Kelly est quelque chose d’incongru : la maison semble à la fois pleine de vie, jonchée de jouets d’enfants et d’objets en tous genre ; et en même temps calme, endormie et irréelle tel le château du Grand Meaulnes… L’atelier est garni de petits objets, insectes, végétaux, cranes ou carcasses d’animaux… Collectés au gré du temps et des promenades. Dans chaque pièce de la maison, les antiquités et souvenirs de famille se mêlent à l’art contemporain. Le sien et celui de beaucoup d’autres aussi, amis, artistes croisés au fil du temps… Plus on visite et plus il y a voir. J’ai découvert un homme passionné d’art et d’histoire, exalté par la création d’un monde qui ne ressemble à aucun autre (mais lui vous dira : ou à n’importe quel autre)…
Anthony, peux-tu nous raconter ton parcours, comment es-tu arrivé en France ?
Après plusieurs années en Angleterre, j’ai habité l’Irlande qui est un pays magnifique, vert mais où l’on voit peu le soleil. C’est pour cela que nous avons choisi de nous installer ici, dans le sud de la France. La nourriture est aussi moins riche en Irlande ! J’adore le magret de canard par exemple.
Et pour mon parcours artistique, il a commencé très tôt, j’ai toujours été créatif et à 19 ans, j’ai suivi un stage de 4 ans en restauration/conservation de tableaux en Belgique et en Allemagne. C’était intéressant pour la maîtrise de la technique, mais peu épanouissant d’un point de vue créatif, j’ai donc préféré peindre pour moi et un peu plus tard, je suis entré à la London School of Art pour apprendre la sculpture.
Tu travailles différents médiums, lequel préfères-tu ?
Cela dépend des moments, je travaille la photographie plutôt l’été pour des questions de lumière. Le reste du temps, je me consacre plus à la peinture et la sculpture.
Je pense que la peinture est l’art le plus accessible. On part de rien, d’une toile blanche et on crée. Les gens comprennent mieux la peinture que d’autres formes d’art, ils peuvent dire tout de suite s’ils ressentent une émotion. En particulier lorsque l’on fait des portraits, car le spectateur les regarde dans les yeux, ça invite à la conversation. Une conversation intime et réelle. Il n’y a pas cette humanité si directe dans un paysage ou une nature morte.
Anthony, la nature est ta source d’inspiration, comment décides-tu de la manière dont tu souhaites la montrer ?
Je ne cherche pas tellement. La nature se suffit à elle-même, elle est parfois belle et grandiose, parfois inexplicable et cruelle. Je prends simplement de petits morceaux de vie et les montre de manière réaliste.
A côté de ma pratique artistique, je dirige une entreprise d’élagage. Et c’est parfois là que je trouve l’inspiration. La sculpture nommé « souche » par exemple est une vraie souche d’arbre que j’ai extraite d’un terrain. Je l’ai trouvé belle et en ai fait un moule dans lequel a été coulé de l’aluminium. (Cette sculpture magnifique et gigantesque -1,70m de large pour 90cm de haut- est exposée dans le couloir de sa maison).
J’aime aussi travailler à partir de nourriture parce que je trouve ça visuellement intéressant. Mais je ne suis pas gourmand, je ne cuisine pas, cela prend trop de temps. J’aime les choses rapides.
Je trouve simplement qu’il y a dans la nourriture une harmonie, des couleurs profondes. Au marché, je fais le tour des étals, je regarde les formes, les couleurs puis je les mets en scène. J’adore aussi acheter de jolies tartelettes chez le pâtissier pour simplement les écraser une fois rentré à l’atelier !
Sur quel projet travailles-tu en ce moment ?
Cette année, j’ai fait beaucoup de cartes (Anthony met en scène de la nourriture, des insectes et divers petits objets sur des cartes du monde).
Et j’ai aussi commencé quelque chose de passionnant ! Je collectionne des livres sacrés et des objets de culte de toutes les religions, et même sur l’athéisme. J’ai envie de confronter ces objets, de les mettre en scène en vue d’une exposition. Mais c’est loin d’être terminé.
Que t’apporte Picto dans ta démarche artistique ?
Je connais l’équipe Picto depuis 8 ans environ, nous avons une relation fidèle ! C’est comme un partenariat.
Je leur fais confiance pour le nettoyage de mes images et la qualité d’impression. Parfois aussi, je veux créer certaines choses mais je ne sais pas comment. Picto m’aide à réaliser mes idées en apportant des solutions techniques pour résoudre ces problèmes.