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Anthony-Noel Kelly, une nature inspirante

Anthony-Noel Kelly Anthony-Noel Kelly

Anthony-Noel Kelly utilise différentes techniques pour explorer un terrain vaste comme l’univers : la nature. Humaine, animale, végétale, minérale, il interroge les cycles de la vie, de la naissance à la mort et oppose la forme brute, à l’idéal de beauté que le monde impose.
Héraclite nous disait que « Rien n’est permanent, sauf le changement ».
Kelly décompose, nous montre des angles différents de cette nature en perpétuelle mutation. Par la peinture, la sculpture et la photographie, il questionne le besoin de contrôle de l’humain sur une nature pourtant bien plus forte que lui, et le met face à la réalité de son impuissance à maîtriser le temps qui passe, lui rappelant un peu plus chaque jour sa nature profonde : vivante et mortelle.

Cette interview restera gravée dans ma mémoire comme un moment hors du temps. Jorge et moi sommes arrivés étourdis par le magnifique paysage et l’impression de plénitude qui se dégage de la bastide perchée sur les collines au dessus de Beaumont-de-Lomagne dans le Tarn et Garonne. Entrer dans l’univers de Kelly est quelque chose d’incongru : la maison semble à la fois pleine de vie, jonchée de jouets d’enfants et d’objets en tous genre ; et en même temps calme, endormie et irréelle tel le château du Grand Meaulnes… L’atelier est garni de petits objets, insectes, végétaux, cranes ou carcasses d’animaux… Collectés au gré du temps et des promenades. Dans chaque pièce de la maison, les antiquités et souvenirs de famille se mêlent à l’art contemporain. Le sien et celui de beaucoup d’autres aussi, amis, artistes croisés au fil du temps… Plus on visite et plus il y a voir. J’ai découvert un homme passionné d’art et d’histoire, exalté par la création d’un monde qui ne ressemble à aucun autre (mais lui vous dira : ou à n’importe quel autre)…

Anthony, peux-tu nous raconter ton parcours, comment es-tu arrivé en France ?
Après plusieurs années en Angleterre, j’ai habité l’Irlande qui est un pays magnifique, vert mais où l’on voit peu le soleil. C’est pour cela que nous avons choisi de nous installer ici, dans le sud de la France. La nourriture est aussi moins riche en Irlande ! J’adore le magret de canard par exemple. Et pour mon parcours artistique, il a commencé très tôt, j’ai toujours été créatif et à 19 ans, j’ai suivi un stage de 4 ans en restauration/conservation de tableaux en Belgique et en Allemagne. C’était intéressant pour la maîtrise de la technique, mais peu épanouissant d’un point de vue créatif, j’ai donc préféré peindre pour moi et un peu plus tard, je suis entré à la London School of Art pour apprendre la sculpture.

Tu travailles différents médiums, lequel préfères-tu ?
Cela dépend des moments, je travaille la photographie plutôt l’été pour des questions de lumière. Le reste du temps, je me consacre plus à la peinture et la sculpture. Je pense que la peinture est l’art le plus accessible. On part de rien, d’une toile blanche et on crée. Les gens comprennent mieux la peinture que d’autres formes d’art, ils peuvent dire tout de suite s’ils ressentent une émotion. En particulier lorsque l’on fait des portraits, car le spectateur les regarde dans les yeux, ça invite à la conversation. Une conversation intime et réelle. Il n’y a pas cette humanité si directe dans un paysage ou une nature morte.

Anthony, la nature est ta source d’inspiration, comment décides-tu de la manière dont tu souhaites la montrer ?
Je ne cherche pas tellement. La nature se suffit à elle-même, elle est parfois belle et grandiose, parfois inexplicable et cruelle. Je prends simplement de petits morceaux de vie et les montre de manière réaliste. A côté de ma pratique artistique, je dirige une entreprise d’élagage. Et c’est parfois là que je trouve l’inspiration. La sculpture nommé « souche » par exemple est une vraie souche d’arbre que j’ai extraite d’un terrain. Je l’ai trouvé belle et en ai fait un moule dans lequel a été coulé de l’aluminium. (Cette sculpture magnifique et gigantesque -1,70m de large pour 90cm de haut- est exposée dans le couloir de sa maison).
J’aime aussi travailler à partir de nourriture parce que je trouve ça visuellement intéressant. Mais je ne suis pas gourmand, je ne cuisine pas, cela prend trop de temps. J’aime les choses rapides. Je trouve simplement qu’il y a dans la nourriture une harmonie, des couleurs profondes. Au marché, je fais le tour des étals, je regarde les formes, les couleurs puis je les mets en scène. J’adore aussi acheter de jolies tartelettes chez le pâtissier pour simplement les écraser une fois rentré à l’atelier !

Sur quel projet travailles-tu en ce moment ?
Cette année, j’ai fait beaucoup de cartes (Anthony met en scène de la nourriture, des insectes et divers petits objets sur des cartes du monde). Et j’ai aussi commencé quelque chose de passionnant ! Je collectionne des livres sacrés et des objets de culte de toutes les religions, et même sur l’athéisme. J’ai envie de confronter ces objets, de les mettre en scène en vue d’une exposition. Mais c’est loin d’être terminé.

Que t’apporte Picto dans ta démarche artistique ?
Je connais l’équipe Picto depuis 8 ans environ, nous avons une relation fidèle ! C’est comme un partenariat. Je leur fais confiance pour le nettoyage de mes images et la qualité d’impression. Parfois aussi, je veux créer certaines choses mais je ne sais pas comment. Picto m’aide à réaliser mes idées en apportant des solutions techniques pour résoudre ces problèmes.

http://anthony-noelkelly.com/

Anthony-Noel Kelly © Anthony-Noel Kelly